lundi 6 juin 2016

Voter en toute sécurité

Entrez les mots clés élection en ligne et fraude dans un moteur de recherche et vous trouverez plusieurs articles relatant des résultats d'élections contestés où le vote se déroulait en ligne, sur internet. Les cas sont si nombreux, que la confiance de la population s'est vu ébranlée face à ces exemples d'échec de la démocratie.

Pourtant, un vote en ligne comporte de nombreux avantages: moins coûteux à organiser; influence positive sur le taux de participation; résultats obtenus plus rapidement etc. Mais pour tous ces avantages il semble y avoir un gros inconvénient incontournable qui les dépasse tous: la sécurité du vote.

L'assurance de l'intégrité et de la confidentialité du vote est la principale pierre d'achoppement d'une telle opération et était le souci principal de l'Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ) qui souhaitait tenir un vote en ligne au printemps 2016.

Comment faire, donc, pour s'assurer que le scrutin se déroule sans entourloupettes? Pour faire face à cette question l'Ordre des ingénieurs du Québec a fait appel à un consortium de partenaires d'affaires issus de 3 secteurs d’activité; Raymond Chabot Grant Thornton pour la portion audit des résultats, Simple Sondage pour fournir et gérer l'application de votation et Gardien Virtuel pour assurer la sécurité du processus de votation. Chaque partenaire a su mettre à profit son expertise pour assurer dès le départ que l'opération serait un succès.

Et c'est précisément ce qui est arrivé. Le vote qui s'est déroulé de la période du 6 au 27 mai 2016 s’est avéré être un succès sur toute la ligne. Les résultats ont été collectés en un temps record malgré le fait que les ingénieurs ont voté de partout dans la province et même de d’autres pays et le tout, sans incident de sécurité.

Concrètement, Gardien Virtuel était chargé de s’assurer que les environnements TI utilisés étaient sécuritaires. De plus, nous avions la responsabilité de surveiller le déroulement du vote sur une base continue (24/7) afin de s'assurer qu’aucune personne ou groupe mal intentionné ne tentent d’influencer les résultats finaux . Gardien Virtuel étant spécialisée en sécurité de l'information, nous avons pu utiliser notre service de Surveillance de Réseaux et de Systèmes (SRS) pour surveiller le déroulement du scrutin.

Basé sur ce franc succès, d'autres ordres professionnels se sont manifestés pour tenir leurs propres élections de la même manière.

mardi 29 mars 2016

Les jeux sont faits; rien ne va plus?


Il y a présentement un enjeu dans l'actualité politique qui nous touche tous et qui mérite que l'on s'y arrête pour en débattre de manière éclairée.

Le gouvernement propose un projet de loi, faisant suite au dépôt du budget québécois du 26 mars 2015 (celui donc de l'année passée) pour interdire l'accès aux sites Internet de jeux en ligne non approuvés par Loto Québec. Le site web proposé par Loto Québec est www.espacejeux.com.

J'écris à titre de citoyen, et je ne prétends pas connaître toutes les subtilités du projet de loi proposé par le gouvernement. À titre de référence, il vous est possible de le consulter en cliquant sur le premier lien au bas de cet article. 

Le projet de loi 74 vise quinze différents objectifs. Le troisième consiste à bloquer l'accès aux jeux en ligne :

« (…) dans le but de contrôler l’offre de jeux d’argent
en ligne, le projet de loi modifie la Loi sur la protection du
consommateur afin d’obliger les fournisseurs de services Internet à
bloquer l’accès aux sites illégaux de jeu d’argent inscrits sur une
liste établie par la Société des loteries du Québec. »

Le gouvernement a une liste d'environ 2200 sites web de jeu en ligne qui sont des compétiteurs de Loto Québec. Les parts de marché de Loto Québec en terme de jeu en ligne au Québec seraient de 10 à 20%, selon différentes sources (qui ne sont pas consensuelles).

Loto Québec a donc dressé une liste de ses compétiteurs, et obligerait par la loi 74 les fournisseurs d'accès internet à bloquer ces compétiteurs, à moins que ceux-ci paient une redevance sur leurs activités.

Pour ma part, je suis choqué de cette pratique pour plusieurs raisons :

  • Premièrement, il s'agit d'une attaque à la liberté d'expression sur le réseau Internet et à sa neutralité. Parle-t-on de censure économique?
  • Deuxièmement, il n'y a pas présentement de loi qui bloque les sites dont la problématique est plus importante, tel que l'abus d'enfant, ou des sites qui véhiculent de la violence/haine. Ceci démontre un problème flagrant de priorité. (À noter qu'il existe le projet Cleanfeed de Cyberaide.ca qui bloque les accès aux sites d'exploitation des enfants sur une base volontaire des fournisseurs Internet).
  • Troisièmement, ces systèmes de blocage peuvent être contournés d'une manière très facile, simple et accessible à tous (via VPN, proxy, réseau TOR etc.). Donc pourquoi mettre ces systèmes en place alors qu'ils sont inefficaces?

Que le gouvernement entre en compétition avec d'autres entreprises est une chose, mais que celui-ci utilise le pouvoir législatif et exécutif pour consolider sa position dans un marché est abusif!

Cette pratique de censure Internet ne crée pas d'emploi, ne crée pas de richesse, ne permet pas de sauvegarder des emplois non plus et n'empêche pas les joueurs d'aller sur une autre plate-forme de jeu en ligne (ailleurs qu’au Québec en plus) compte tenu de l'inefficacité du système de blocage.

Le gouvernement doit apprendre à faire face à l'arrivée des nouvelles technologies, comme nous l'enseignent aussi les cas d'Uber et de AirBnB, et ce de manière proactive, sans user de son pouvoir pour tenter de maintenir un semblant de statu quo.

Et vous, qu’en pensez vous?

Références :